Emmène-moi au bout du monde !...

Emmène moi au bout du monde !..., c’est le dernier livre de Cendrars, l’ultime, le mal-aimé par certains parce que mal sonnant sans doute. C’est vrai qu’il dissonne. Le socialement ou moralement correct est loin, loin, loin. Les gens y vivent comme on ne vit plus semble-t-il. Une sorte d’intensité canaille, un jusqu’au bout du monde mortel et drôle.
Il est vieux, Blaise, il s’en fout de ce qu’on va penser. Il s’en est d’ailleurs toujours largement foutu. Le livre entier est d’une violence, d’une incongruité érotique inégalée dans son œuvre, plutôt elliptique de ce côté. Érotique, c'est-à-dire bien entendu et pour qu’on se comprenne, poétique. Le corps de la vieillarde, ses ébats, c’est le désordre et le doute, le plaisir et ses douleurs, la beauté qui rigole dans la laideur ! Tout ce qui pour moi fait théâtre.
L’inadmissible trivialité, Cendrars la rend drôle à éclater de rire.
Quand je lis ces pages, j’éclate de rire des goûts tonitruants de la vieille comédienne. Blaise s’amuse à faire grincer les dents, à faire rire de faire grincer les corps, les classes sociales, les genres humains, les artistes et les prolos, les avinés, les drogués et les ascètes, les ex-collabos et les jeunes loups du théâtre, les critiques et les metteurs en scène, les nègres bénéfiques et les culs-de-jatte et des morales il n’y en a pas qu’une mais beaucoup, qu’il se fait un plaisir de frotter les unes contre les autres pour que jaillisse la vie étincelante, parce que "vivre est un art magique" et pas une triste prudence.
Comme le théâtre ! Et c’est ce qui m’a immédiatement fasciné à la première lecture de ces lignes, il y a bien trente ans, ce qu’elles racontent sur le théâtre de la part d’un auteur qui n’a pratiquement jamais écrit pour lui, même s’il a partagé sa vie avec une comédienne.
Claude Degliame
Elle a principalement travaillé avec Claude Régy dans Les Gens déraisonnables sont en voie de disparition et Par les villages de Peter Handke, La Trilogie du revoir et Grand et petit de Botho Strauss, Elle est là de Nathalie Sarraute ; avec Bruno Bayen dans Les Fiancés de la Banlieue ouest et Faut-il choisir, faut-il rêver ?, textes de Bruno Bayen ; avec Jacques Lassalle dans L'Heureux Stratagème de Marivaux, Emilia Galotti de Lessing, Le Misanthrope de Molière ; avec Antoine Vitez dans L'Échange de Paul Claudel ; avec Philippe Adrien dans Les Bacchantes. Elle a travaillé sous la direction d'Olivier Py dans L'Apocalypse joyeuse.
Elle a mis en scène et joué Phèdre de Jean Racine au Théâtre de la Bastille, au Théâtre Vidy-Lausanne et à la Rose des Vents.
Avec Jean-Michel Rabeux, depuis toujours, dans La Fausse Suivante de Marivaux, Onanisme avec troubles nerveux chez deux petites filles, L'Éloge de la pornographie, Légèrement sanglant, Les Charmilles, Nous nous aimons tellement (textes écrits par Jean-Michel Rabeux), Ce qui est resté d'un Rembrandt déchiré en petits carrés bien réguliers et foutu aux chiottes de Jean Genet, Phèdre de Jean Racine, L'Amie de leurs femmes de Pirandello. L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer de Copi, Déshabillages (comédie mortelle) de Jean-Michel Rabeux, et dans Feu l’Amour ! d’après trois pièces de Georges Feydeau.
Le théâtre est un des sujets du spectacle, peut-être le principal.
Cendrars ausculte notre art avec une compréhension concrète, une profondeur, une jubilation inoubliable. Je ne résiste pas à citer encore :
"C’est à la dernière heure, quand les mortels se lamentent et désespèrent que je m’empare d’eux par la pompe... et triomphe en leur faisant franchir la rampe, ce mauvais pas. Je ne sais pas d’où me vient cette sévérité. J’aime le spectacle. Mais, pauvres humains ! C’est un voyage à sens unique. Drôle de commerce. On ne revient pas. C’est la mort. Un soleil Noir. Mais c’est une grande lumière".
Jean-Michel Rabeux
La Compagnie - Créations
Jean-Michel Rabeux
La Compagnie - Créations
2005 : Le Sang des Atrides d’après Eschyle
2004 : Feu L’amour ! avec trois pièces de Georges Feydeau (On purge bébé, Léonie est en avance, Hortense a dit «J’m’en fous »)
Mais n’ te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau
2003 : Déshabillages (comédie mortelle) de Jean-Michel Rabeux
2001- 2002 : Arlequin poli par l ’amour de Marivaux, mise en scène de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna
L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi
2000 : Le Labyrinthe de Jean-Michel Rabeux et Sylvie Reteuna
1999 : Meurtres hors-champ de Eugène Durif
1998 - 1999 : Les Enfers carnaval de Jean-Michel Rabeux
1997 : Le Ventre de Jean-Michel Rabeux
Tentative de pietà d’après L’Ennemi déclaré de Jean Genet
Nous nous aimons tellement de Jean-Michel Rabeux
1996 - 1997 : L’Indien de Jean-Michel Rabeux
1996 : Sade : Français, encore un effort d’après le Marquis de Sade
1994 : Les Charmilles de Jean-Michel Rabeux
1992 - 1993 : Le Travail du plâtre de Jean-Michel Rabeux
1992 : Phèdre de Jean Racine, mise en scène Claude Degliame